Le musical Le Roi Lion utilise une large palette des techniques du théâtre. En mettant en scène Le Roi Lion, Julie Taymor n’a pas voulu faire une transposition du dessin animé à la scène : elle en a pris l’histoire et les personnages, elle les a retravaillés pour créer une œuvre fidèle mais distincte de l’œuvre originale.
Ainsi, elle n’a pas souhaité utiliser de décors descriptifs – toiles peintes ou projections – elle a préféré évoquer les choses, et ceci particulièrement par les lumières. « Julie Taymor est très sensible au pouvoir de la lumière » déclare Donald Holder, le créateur des lumières du Roi Lion. « Elle compte sur la lumière pour révéler ses masques et faire fonctionner ses marionnettes d’ombres chinoises. »
Le plateau du Roi Lion est très lumineux. Les lumières permettent de créer le petit matin, le lever du soleil, le soleil radieux de midi, la lumière des jours de pluie, de l’orage, etc… Les lumières reflètent aussi le caractère des personnages et leur état psychologique.
La toile de fond blanche – le cyclo – éclairée par des projecteurs aux couleurs multiples produit un fond coloré. Pour créer la beauté de la lumière africaine et l’espace infini des panoramas, Donald Holder a supprimé les traditionnels pendrillons noir – c’est-à-dire les rideaux latéraux servant à cacher les coulisses – et les a remplacés par des sortes de « boîtes lumineuses ». Ces boîtes lumineuses ont été étudiées pour être de la couleur du cyclo, elles en forment ainsi virtuellement la continuité.
Donald Holder explique « Au départ, les pendrillons sur les côtés devaient être blancs et non éclairés. Julie Taymor a désiré créer une perspective tout autour de la scène, nous les avons donc conçu, et je pense que c’est une réussite ! »
Toute l’équipe a particulièrement travaillé sur la palette des couleurs. « Julie Taymor ne voulait pas des couleurs primaires ou secondaires, mais un mélange des deux, en s’inspirant de ce que l’on trouve dans la nature et dans l’artisanat africain. Ses couleurs préférées ont été le jaune safran, les verts foncés, les bruns et les ocres. »
En projetant simultanément les 6 teintes choisies, la scène du Roi Lion passe du rouge du ciel matinal, au jaune profond du soleil au zénith. Les couleurs pastelles sont utilisées pour les scènes plus intimistes ou plus sentimentales. Les passages dramatiques sont soutenus par une lumière métallique, presque sans couleur.
À noter que l’ensemble cylo et pendrillons lumineux peut être séparé en deux couleurs horizontalement – et donc en un dégradé d’une couleur vers l’autre. L’une des deux couleurs peut prendre le dessus et ainsi créer comme une translation verticale des surfaces colorées !
Le Roi Lion utilise bien sûr aussi de nombreux Vari*Lite® – des projecteurs dont on peut commander la position, la forme, la couleur, la texture – mais aussi des lumières fluorescentes, noires, etc… Pour son travail sur Le Roi Lion, Donald Holder a remporté le Tony® Award des meilleurs lumières en 1998.
La variété des moyens utilisés permet de passer de scènes intimistes aux grands espaces, de la vaste savane à la luxuriante jungle. Le moment le plus impressionnant est sans doute le lever de soleil. « Je pense que beaucoup de personnes sont émues par celui-ci » déclare Donald Holder, « même quelques professionnels blasés du théâtre m’ont dit qu’ils avaient été touchés jusqu’aux larmes. »
La magie du Roi Lion ne doit rien au hasard, si le spectateur est touché par certaines scènes, c’est aussi grâce aux lumières !
Source : Rite of passage: LD Donald Holder’s luminous journey through Broadway’s The Lion King – Mar 1, 1998 12:00 PM, Leanne Boepple – LIVEDESIGN